Les méthodes d’ensemencement

Comment est-il possible d’intervenir sur un orage ?

Compte tenu des quantités d’énergie mises en œuvre dans les systèmes météorologiques, il ne s’agit pas de contrer cette énergie mais de perturber les équilibres microphysiques pour changer les processus de formation des précipitations. Un apport d’énergie insignifiant peut alors suffire à rompre les équilibres métastables dans l’atmosphère.
L’ensemencement destiné à lutter contre la grêle consiste à introduire des noyaux de congélation artificiels dans les nuages pour modifier les échanges entre les différents états de l’eau (vapeur, liquide, solide).

Pourquoi utilise-t-on de l’iodure d’argent ?

Les recherches sur les noyaux de congélation ont permis de montrer que l’iodure d’argent était la particule la plus efficace dès -5°C. D’autres éléments associés en faible quantité à l’iodure d’argent ont permis d’améliorer encore le rendement en noyaux de congélation efficace à cette température.
De plus il est relativement facile de produire une grande quantité de noyaux sous forme d’aérosol avec un seul gramme d’iodure d’argent : un générateur à vortex brûlant une solution d’iodure d’argent à 1% produit 200 milliards de particules par seconde efficaces à -15°C.

L’ensemencement avec des générateurs est-il bien adapté aux orages en France ?

En France, les nuages d’orage susceptibles de donner de la grêle (les cumulonimbus) ont une base à faible altitude, ce qui justifie l’utilisation de dispositif au sol et complique les interventions à partir d’avion. D’autre part, les générateurs peuvent être installés même dans des zones accidentées.

Pourquoi ne pas ensemencer avec des avions ?

L’ensemencement par avion est possible. Il nécessite des pilotes expérimentés sur des appareils particuliers qui vont délivrer l’iodure d’argent à la base du nuage ou sur son flanc. Pour traiter plusieurs cellules, il faut disposer de plusieurs appareils qui doivent en outre respecter les règles de circulation aérienne. Compte tenu des contraintes techniques et du coût financier engendré par ces opérations, l’Anelfa ne s’est jamais orientée vers cette technique qui n’a d’ailleurs pas démontré une efficacité supérieure à celle obtenue avec les générateurs au sol.

Pourquoi ne pas ensemencer avec des fusées ?

Le système d’ensemencement par fusées à haute altitude mis au point en Union Soviétique est incompatible avec la circulation aérienne française. La question ne se pose donc que pour les fusées paragrêles explosives ou non explosives commercialisées en France et auxquelles de l’iodure d’argent a été rajouté. Sans parler des dangers liés à l’utilisation d’explosifs, le tir de ces fusées ne paraît pas permettre un apport d’iodure d’argent au bon moment et au bon endroit. Par ailleurs, aucune description précise d’une expérience utilisant ce dispositif et mesurant son efficacité n’est disponible pour juger de son intérêt.

Quelle surface protège un générateur ?

Le transport des particules depuis le sol jusqu’au sommet du nuage est complexe. Pour optimiser le traitement d’un maximum de cellules convectives « jeunes » il convient donc d’installer un réseau d’appareil suffisamment dense (10 générateurs pour 1000 km2). Ensuite, chaque orage possède ses propres caractéristiques de vitesse et de direction et ce n’est donc qu’a posteriori que l’on peut déterminer quels sont les générateurs qui ont participé à la prévention un jour donné.

Quelles sont les autres applications de l’ensemencement ?

  • augmentation des précipitations :
  • pluie : pour les nuages à température négative, on ensemence en iodure d’argent pour augmenter le nombre de cristaux de glace qui deviendront des flocons de neige, puis des gouttes de pluie.
    pour les nuages à température positive, on augmente le nombre de gros noyaux de condensation (appelés noyaux géants) en ensemençant avec des sels (il faut 100 000 fois plus de sel que d’iodure d’argent pour espérer une même augmentation de pluie).
  • neige : on ensemence en iodure d’argent, le plus souvent depuis le sol, des nuages orographiques formés sur le flanc des montagnes.
  • dissipation de brouillard givrant :
    On fait précipiter les gouttelettes du brouillard en cristaux en dispersant des noyaux glaçogènes ou en refroidissant localement l’air par évaporation de neige carbonique ou de propane liquide.